Si vous êtes un créatif, avec des aspirations pour une vie productive et créative, vous devez lire La Guerre de l’Art de Steven Pressfield. Pour ceux qui pratiquent la méditation, le livre est aussi un trésor. C’est une lecture rapide et divertissante. Cependant, elle déborde de perspicacité et de sens pratique et peut vous donner un coup de pied au derrière, inspirant, pour entamer le virage vers une pratique de la méditation disciplinée.
Le concept de “résistance”
Pressfield est un écrivain, plus connu pour son livre adapté au cinéma La Légende de Bagger Vance (une version moderne de la Bhagavad Gita, situé sur le parcours de golf au lieu d’un champ de bataille). La Guerre de l’Art examine quant à lui les performances du point de vue d’un écrivain mais il suffit de remplacer le mot «écrivain» par «méditant» et vous verrez que n’importe qui qui médite peut se sentir concerné. Parce que chaque fois que nous nous efforçons de nous améliorer, nous sommes tous confrontés à un ennemi commun. Pressfield appelle cet ennemi “Résistance“. Qui sait pourquoi, mais quiconque s’attaque à une noble entreprise fait tôt ou tard face à cette même force de la nature aussi immatérielle qu’hostile.
Pressfield écrit :
Avez-vous déjà amené à la maison un tapis de course avec la ferme conviction de l’utiliser mais l’avez laissé prendre la poussière dans le placard ? Ou trop souvent abandonné un régime, un cours, une pratique de méditation?
Avez-vous déjà sauté sur un appel vous offrant […] de vous consacrer à une vocation humanitaire, de dédier votre vie au service des autres? N’avez-vous jamais voulu être une mère, un médecin ou un avocat pour les faibles et les impuissants? Partir en croisade pour la planète, partir en campagne pour la paix dans le monde, ou pour préserver l’environnement?
Tard dans la nuit avez-vous eu une vision de la personne que vous pourriez devenir, le travail que vous pourriez accomplir, l’être réalisé que vous étiez censé devenir ? Êtes-vous un écrivain qui n’écrit pas, un peintre qui ne peint pas, un entrepreneur qui ne créé jamais une entreprise?
Alors vous savez ce qu’est la Résistance.
Ce qui résiste en méditation
Cette résistance intérieure serait ce que nous appelons “le mental“. Elle se manifeste au quotidien, dans notre pratique de la méditation, de différentes manières. D’abord dans l’acte, simple en apparence, de prendre le temps de s’asseoir: il subvertit alors nos efforts dans la soudaine apparition d’une démangeaison, d’une douleur jusqu’ici passée inaperçue… et sous d’innombrables autres formes. Puis lorsque nous avons surmonté ces premiers obstacles, notre regard intérieur peut lâcher si bien qu’on commence à s’assoupir ou à “errer”. Et si enfin nous avons la chance de surmonter ces embuches, le mental peut alors lâcher un ouragan de pensées afin de monopoliser notre attention.
Le nom que nous donnons à cette résistance intérieure n’est pas vraiment important. Quelque chose en nous ne veut pas nous voir grandir et s’est opposée à notre évolution dès le premier jour. La première étape pour surmonter cette force hostile est d’accepter son caractère inévitable et redoutable, la regarder en face, et reconnaître qu’un travail doit être fait. Bien que contrer le mental ne soit pas une mince affaire, nous avons au plus profond de nous toutes les ressources nécessaires.
Pressfield a d’excellentes suggestions très pratiques pour surmonter les nombreuses formes extérieures que la résistance peut prendre. Je ne vais pas les dévoiler ici. Mais je veux partager une notion qui résonne particulièrement en moi. Il consacre une section entière du livre à cette dernière; il l’appelle “Devenir Pro“.
Méditants pros
Pensez à la différence entre un professionnel et un amateur dans n’importe quel domaine. La plupart d’entre nous ont des carrières et des passe-temps que nous savons différencier: les amateurs sont barboteurs; les pros s’engagent entièrement. Pour les amateurs c’est de l’extra; pour les pros ça ne peut pas être facultatif. Les amateurs sont là pour s’amuser; pour les pros, c’est une discipline de vie. Les amateurs y consacrent leurs week-ends; pour les pros c’est à tout moment. Les amateurs se contentent de résultats approximatifs; pour les pros le “bien” peut toujours être mieux.
Donc la question la suivante: Sommes-nous des méditants amateurs, ou sommes-nous des méditants pros? Sommes-nous des dilettantes ou sommes-nous totalement engagés? La réponse n’a rien à voir avec le succès ou l’échec car les pros expérimentent régulièrement les deux. Il s’agit de l’attitude que nous apportons à notre pratique, et les comportements quotidiens que cette attitude implique. Il nous faut une discipline de niveau pro pour triompher de la Résistance.
Qu’est-ce qui est requis pour passer du statut de méditant amateur à celui de méditant professionnel? Un exercice utile est de prendre un certain temps seul, assis tranquillement, pour faire la liste des comportements qui nous aideront à franchir ce cap. Quelques actions vont apparaître comme détentrices d’un impact potentiellement élevé; vous saurez les reconnaître en votre fort intérieur. Choisissez-en une d’abord, engagez-vous à agir dessus, et profitez des bienfaits intérieurs de la méditation à mesure que vous devenez un pro.